Les salariés de Fralib prennent des risques car nous le rappellons le droit au boycott n'existe pas
et pourtant sur le site du nouvel obs on peut lire :
«Non à la fermeture de Fralib ! Boycott de Lipton et des sachets pyramides !»
C’est la campagne d’affichage qui mobilise, depuis mardi, une trentaine
de salariés de l’usine Fralib, produisant les sachets de thé Lipton et
Eléphant près de Marseille. Aguerris par neuf mois de conflit, ils ont
opté pour un moyen d’action inédit afin d’empêcher la fermeture de
l’usine, annoncée fin septembre par Unilever. Et sauvegarder ses
182 emplois. Olivier Leberquier, délégué CGT, ne croit pas aux motifs
économiques invoqués par la société :
«C’est une escroquerie
intellectuelle. La direction compare Fralib à ses autres sites
européens. Mais c’est elle qui a créé les conditions pour affaiblir
notre production. Ces trois dernières années, Unilever a investi
97 millions d’euros en Pologne, en Belgique et en Angleterre, et
6 millions en France !» Pour le syndicaliste, cet appel au boycott est le dernier recours pour
«sensibiliser le consommateur». Et préserver
«la dernière usine française de conditionnement de thé parfumé», alors que l’Hexagone est, selon lui, le premier marché pour ce produit en Europe de l’Ouest.
et en images sur France 3 :
http://mediterranee.france3.fr/info/provence-alpes/fralib-ferme-un-coup-dur-a-gemenos-65092679.html?onglet=videos
Dossier (agoravox) :
Présentation de l’entreprise
FRALIB est une entreprise crée en
1989, filiale de la multinationale UNILEVER qui produit 400 marques dans
les domaines des soins personnels et des produits alimentaires. On y
trouve entre autres les marques Knorr, Slim Fast, Lipton, Cif, Omo, Axe,
Lux, Rexona, ainsi que Vaseline très utile à la direction pour se
retourner contre les salariés qui serrent les fesses !
Le chiffre d’affaire au niveau mondial d’UNILEVER est de 39 800
000 000 € (si vous avez du mal à lire le chiffre, c’est normal !).Les
produits sont vendus dans 170 pays et il y a 264 sites de production.
Aux origines du conflit :
Tout remonte selon les salariés à la mise en place de la nouvelle direction de M Llovera, ancien patron de Coca Cola, en 2008.
Le bilan de la direction est particulièrement éloquent et les
méthodes employées symptomatiques d’un capitalisme amoral, qui place au
dernier rang de ses préoccupations le travailleur, producteur des
richesses dont il tire pourtant tous ses bénéfices.
Il faut dire qu’il ne fait pas bon être ouvrier chez
FRALIB depuis la mise en place de M Lovera, actuel PDG de l’entreprise.
Depuis son installation aux commandes, les conditions de travail se
sont très fortement dégradées et les salaires n’en finissent pas de
perdre du terrain par rapport au capital des actionnaires et leurs
dividendes. Il a bien proposé aux salariés une augmentation de 0.2 %
mais à condition qu’ils payent eux-mêmes leur mutuelle, ce qui au final
faisait un salaire net moins élevé qu’auparavant ! Le comble de la
mesquinerie.
Il faut savoir en effet qu’un opérateur de niveau 1 gagnait il y a 20
ans 46% de plus que le SMIC. De nos jours, il ne touche plus que 3.5%
de plus ! L’érosion des salaires est une réalité et contraste fortement
avec les profits réalisés.
Dans le même temps les gains de productivité ont été de 50% et
les dividendes perçues par les actionnaires du groupe se sont élevées à
1 milliard et 50 millions d’Euros entre 2007 et 2008.
Le PDG d’UNILEVER quant à lui, perçoit un salaire de 393 000 € par mois, soit 273 fois le SMIC !
On pourrait se dire qu’une entreprise aussi florissante que celle là,
sur notre territoire, doit générer beaucoup de recettes fiscales…
C’est sans compter sur l’habileté financière des patrons qui ont crée
une filiale en Suisse, propriétaire des matières premières et des
produits finis, qui centralise en Suisse tous les profits réalisés en
France ! Cela représente, d’après les représentants syndicaux, un
montant de 200 millions d’Euros qui ne sont pas portés au bénéfice, donc
non imposés par le Trésor Public. Le montant non perçu par le Fisc
s’élèverait à 67 millions d’Euros par an. Un véritable détournement
fiscal, réalisé sans doute dans la plus grande légalité !
Concernant Fralib voici les chiffres :
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2009 |
2008 |
2007 |
moyenne secteur 2009 |
Rentabilité eco |
25% |
14% |
17% |
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Renttabilité capitaux investits |
20% |
113% |
19% |
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Excédent Brut d'exploitation |
31% |
17% |
13% |
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Résultat d'exploitation |
7,9 millions d'euro |
6,4 millions d'euro |
6,6 millions d'euro |
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Quelles revendications ?
Les salariés de
Fralib demandent une augmentation de salaire de 200€ par mois. La masse salariale ainsi générée représenterait un
surcoût de 2 centimes sur chaque boite de thé de 25 sachets. Le coût salarial pour l’entreprise passerait de 15 centimes par boite à 17 centimes !
Même si cela était répercuté sur le consommateur au final, cela ne représente presque rien par rapport au volume des ventes.
Les économies se font sur les salaires qui ne cessent de s’éroder
face aux revenus du capital, mais aussi au détriment du consommateur. En
effet, les sachets de thé qui a l’origine pesaient 20 g, ont subit une
cure d’amincissement (comme les produits allégés de la marque) et sont
passés à 16 g ! Malgré cette substantielle économie de 20% sur la
matière première, réalisée sur le dos des consommateurs, le prix à
augmenté régulièrement…
Les méthodes pour diminuer la masse salariale sont perverses. Ainsi,
pour justifier 57 licenciements, l’entreprise a tout simplement
transféré la production de 300 millions de sachets en Belgique. Vive le
marché européen et le libre-échangisme !
Et comme rien n’arrête un bon PDG bien décidé à optimiser les
profits, la qualité des produits en a aussi fait les frais : La
direction a fait passer 12 mécaniciens chargés de la maintenance des
machines à la production. Les machines tombent en panne et les
opérateurs font ce qu’ils peuvent pour assurer tout de même la
production. Il s’en ressent une baisse de qualité que les opérateurs
déplorent. Le moral des travailleurs s’en ressent. Les cadences
augmentent et le stress au travail aussi. Cela engendre des arrêts de
travail, des accidents, et de nombreuses dépressions. L’ambiance est
morose et certains employés craignent d’en arriver au suicide (le
syndrome France-Telecom)
Les ouvriers dénoncent les conditions de travail qui se sont
fortement dégradées depuis 2 ans. Ils ont interpellé à plusieurs
reprises le service qualité, ainsi que la direction. Participé à de
multiples réunions ou ils étaient écoutés. Ils pensaient alors que des
gens aussi intelligents tiendraient compte de leurs remarques pour le
bien de l’entreprise…c’était préjuger de leurs facultés…Et tout a pu
continuer à empirer tranquillement.
Les représailles patronales :
Il ne fait pas bon être syndiqué ou pire encore, délégué syndical à
FRALIB.
Un des représentants de la CGT au Comité d’entreprise, M Gérard CAZORLA
en a fait les frais. Le début de sa carrière a été tout à fait normal,
avec une avancée tout à fait régulière, jusqu’au jour ou il est devenu
représentant syndical, tout a basculé. Il n’a plus eu accès à aucun
avancement. Il est resté bloqué au niveau ou il était lors de son
engagement syndical. Il a intenté un procès pour discrimination.
La dernière trouvaille de la direction a été de porter plainte contre
4 leaders syndicaux pour entrave à la liberté du travail, en
référé. Les grévistes ont dû se justifier et ont produit 6 attestations
de travailleurs non grévistes confirmant que personne ne les empêchait
de se rendre à leur travail. Nous avons personnellement constaté qu’il
n’y avait aucun obstacle à la libre circulation dans l’entreprise.
Cette tentative d’intimidation n’impressionne pas les grévistes qui
sont bien déterminés à poursuivre le conflit jusqu’à satisfaction de
leur revendication.
Conclusion
Le conflit de
FRALIB pose tous les problèmes du capitalisme financier et de son bras armé, le mondialisme.
- Economie au service du capital et non des salariés considérés comme une variable d’ajustement.
- Diminution progressive ou brutale de la masse salariale considérée comme une charge s’opposant au profit
- Augmentation des profits du capital et diminution des salaires et du nombre de salariés
- Augmentation toujours plus importante de la productivité, au
détriment de la qualité des marchandises et du bien être des employés.
- Rythmes de travail toujours plus difficiles à tenir pour augmenter la plus-value
- Libre circulation des capitaux et des marchandises qui favorise l’évasion fiscale et le dumping social
- Méthodes de management autoritaires, discriminatoires, sans considération humaine
La solidarité doit être totale et le soutien à la lutte des
FRALIB
sans faille, car ce qui se joue actuellement est une bataille décisive
entre le capital et le travail. Si le capital gagne cette lutte, il n’y
aura guère plus d’espoir de changer le système qui favorise les revenus
du capital (actions et dividendes) contre ceux du travail. La baisse des
salaires, les licenciements et le chômage ne touchent pas les
capitalistes. Ce sont les travailleurs qui en souffrent. Pendant ce
temps, tout est fait pour que les riches deviennent plus riches sur le
dos des classes moyennes et populaires. Tous ces sacrifiés sur l’autel
du capitalisme n’ont rien demandé à personne et subissent la loi du plus
fort.""
Source : Agoravox